Traversée des Hauts-Plateaux du Vercors : itinéraire 3 jours

de Thibault Domas

le 12 janvier 2025
Pour profiter de la fin de l’été, on part explorer de la plus grande réserve naturelle de France métropolitaine. Un weekend de trois jours pour effectuer la traversée des Hauts-Plateaux du Vercors à pied. Dans cette région sauvage difficile d’accès, sans route ni habitation, le droit d’entrée se paye en gouttes de sueur. Au programme : plateaux karstiques, alpages sauvages, bouquetins chamois, bivouac et une bonne dose de dénivelé positif. Pour accéder à la randonnée en train depuis Paris, nous avons créé notre propre itinéraire. De la ville de Die dans la Drôme, on rejoint Romeyer à pied avant de sillonner le massif du Vercors via le GR91 jusqu’à Corrençon.
50 kilomètres de randonnée sur une terre de solitude façonnée par le pastoralisme.

La réserve naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors
Située entre les départements de la Drôme et de l’Isère, la réserve des hauts plateaux s’étend sur 10 % du territoire du parc naturel régional du Vercors. Avec comme point culminant le Grand Veymont (2341 m,) ces paysages montagneux sont composés d’alpages, de forêts de pins et de plateaux calcaires. Bien qu’aucune route permanente ne la traverse, elle est façonnée par une présence humaine saisonnière depuis la préhistoire. Avant d’être un terrain de jeux convoité des randonneurs, c’est avant tout le pastoralisme qui s’y pratique depuis des générations. Il est donc commun de croiser en plus de la faune habituelle (marmottes, tétras-lyre, vautour, cerfs, loups) des troupeaux de moutons et des bergers en pleine transhumance.
Quelle est la difficulté de la traversée des Hauts-Plateaux du Vercors ?

7/10
La difficulté de cette randonnée provient de deux facteurs : le faible nombre de points d’eau une fois sur les Hauts Plateaux et le dénivelé assez élevé (1 600m) le premier jour de marche. À part ça, rien de bien sorcier. Entrainez-vous en amont et vérifier bien l’état des sources d’eau avant votre départ (lien plus bas dans l’article).
Quand faire la traversée des Hauts-Plateaux du Vercors ?
La traversée des hauts plateaux peut se faire toute l’année selon l’expérience que vous recherchez. Au printemps et en automne, la nature se pare de ses plus belles couleurs. A partir de novembre, le toit du vercors se couvre de neige et il vous faudra alors des raquettes pour vous déplacer. Une aventure à part entière. De notre côté, nous sommes partis fin septembre et le temps était vraiment parfait.
À savoir : si vous aimez le calme et la solitude, on vous déconseille les mois de juillet et août qui sont particulièrement fréquentés. |
Comment se rendre au départ de ce trek ?
Nous nous sommes rendus à Die avec un train de nuit depuis Paris Austerlitz. Il est aussi possible de rejoindre la gare de Valence et de prendre un car pour Die.
Pour le retour, nous avons réservé un bus de Corrençon à Villard-de-Lans puis un autre jusqu’à Grenoble. Vous pouvez les réserver via l’office de tourisme de Corrençon en Vercors. Nous avons ensuite pris le TGV de Grenoble à Paris.



Où dormir pendant cette randonnée
Pour notre part, nous avons décidé de bivouaquer histoire d’être tranquille mais vous pouvez très bien passer la nuit dans les refuges non gardés qui se trouvent sur le GR91. Ils sont très basiques avec quelques planches en bois pour dormir et une table.
Essayez cependant d’arriver tôt afin de vous assurer une place.
En partant de Die comme nous l’avons fait, vous croiserez le premier soir le refuge de la cabane de Pré-Peyret et le deuxième l’abri de la Jasse du Play.
Quel équipement pour traverser les Hauts-Plateaux ?
Pour cette randonnée vous aurez besoin :
- chaussures de randonnée montantes ;
- tente ou hamac ;
- sac de couchage 0° ;
- tapis de sol ;
- réchaud ;
- bonbonne de gaz ;
- coupe-vent/imperméable ;
- poche à eau ou gourde (idéalement 3 litres.)
Budget par personne
Cette traversée des Hauts-Plateaux du Vercors est réalisable avec un petit budget. Nous avons opté pour des billets de train en lits couchettes (histoire d’arriver en forme) mais vous pouvez encore réduire le coût en prenant des places assises.
- billet de train aller-retour : 95 €
- billet de bus : 7 €
- nourriture pour 3 jours : 30 €
Total : 132 €
Bon à savoir avant de partir
- Le bivouac est autorisé de 17 h à 9 h. N’hésitez pas à consulter les règles de la réserve naturelle.
- Sur les Hauts-Plateaux, les troupeaux de moutons sont gardés par des patous. Contournez-les en gardant votre rythme et en évitant de regarder les chiens dans les yeux. Ils aboieront sûrement, mais ils ne font que leur boulot, conservez votre calme et tout se passera bien.
- Faites attention à l’eau ! Il n’y à pas de cours d’eau une fois sur les Hauts-Plateaux. Vous ne pourrez compter que sur les sources qui sont mises à disposition des randonneurs. Prévoyez des réserves suffisantes (3 à 4 litres par personne) et regardez l’état des sources avant de partir.
- Les chiens sont interdits une fois dans la réserve des Hauts-Plateaux.



Jour 1 : franchir le Col des Bachassons

19 km

D+ 1600
On arrive à Die dans la vallée de la Drôme à bord du train de nuit Paris-Austerlitz. Il est 5 h 30 et malgré le manque de sommeil, notre motivation est palpable.
Après quatre kilomètres d’asphalte qui nous échauffent gentillement les mollets, nous atteignons Romeyer, au pied du massif du Vercors. Les premières lueurs de l’aube révèlent un à un les sommets de calcaire qui nous entourent. La traversée se dessine devant nous. On se jette un petit regard en coin, ça va grimper fort. Les premiers kilomètres sont difficiles. Nos sacs sont lourds, 20 kilos en moyenne. Heureusement pour nous, les points de vue impressionnants sur la vallée en contrebas nous donnent de bonnes excuses pour faire des pauses.



Au passage du Col des Bachassons, un éboulis bien escarpé et légèrement casse-gueule finit d’épuiser nos forces. Après 1400 mètres de dénivelé positif, nous voilà enfin à l’entrée de la réserve naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors. La flore se transforme. Les falaises abruptes laissent place à des alpages verdoyants parsemés de forêts de pins à crochet. Quelques vautours dansent au-dessus de nos têtes. On décide de faire une pause (encore) et de déjeuner à l’ombre d’un arbre, proche de la fontaine des Bachassons.
Avant de repartir, on remplit nos gourdes à ras bord. Sur ces plateaux karstiques, l’eau s’évapore dans la roche avant de réapparaître plus bas dans la vallée. Pas de rivières donc et les quelques sources mises à disposition des randonneurs constituent les seuls endroits pour se réapprovisionner.
Nous suivons désormais le balisage du GR91. Plus plat, ce dernier tronçon nous permet de profiter du paysage. Un panorama sublime sur la Dent de Die vient clôturer cette journée de marche. On installe notre campement non loin du refuge du Pré Peyret et de la fontaine des Endettés. Quelques sapins pour se protéger du vent, une tente, deux hamacs et une vue de fou sur le Pas de Chabrinel. Que demander de plus.
Jour 2 : la traversée des Hauts Plateaux du Vercors

19 km

D+ 430
Au programme de cette deuxième journée, la traversée des Hauts-Plateaux. Le toit du Vercors est sauvage et reposant. Loin des routes et des habitations, nous y croiserons plus d’animaux que d’humains. Le rêve. En chemin, quelques centaines de mètres avant le refuge de la Jasse du Play, nous surprenons un cerf et quelques biches. Notre présence les fait rapidement disparaître à travers les arbres.
Au loin, on entend résonner les sonnailles des moutons en pleine transhumance. Durant cette période, le bétail vient s’engraisser et se reproduire dans les alpages afin de se préparer à l’hiver. En croisant un troupeau, on prend garde de rester à bonne distance des patous, ces gros chiens de berger qui veillent sur la horde avec une application sans faille.

Dernière source avant d’arriver à Corrençon. On recharge et on pousse encore quelques kilomètres pour alléger la journée du lendemain. Après le refuge, nous quittons les plaines pour plonger dans une épaisse forêt de pins. Manquerait plus que quelques ours et la police montée pour se croire au Canada.
Lors de la descente du Canyon des Erges, alors que le jour décline doucement, on croise un dernier randonneur. Il avance au pas de course. D’après ses mollets en béton armé, c’est un local. Le genre de montagnard qui nous fait passer pour des petits rigolos. On ne se vexe pas, en rando c’est chacun son rythme. Après un repas chaud et un verre de rhum arrangé, on s’allonge dans l’herbe pour observer les étoiles. Nous sommes réveillés dans la nuit par le brame puissant d’un cerf, l’immersion est totale.

Jour 3 : la plaine de Darbounouse

12 km

D+ 200
Rythme tranquille pour terminer la quinzaine de kilomètres qui nous sépare de la ville de Corrençon en Vercors. On flâne, on s’imprègne des derniers paysages. Les premières lueurs du jour chassent progressivement le brouillard qui se dissimule à la lisière du bois. Dans la plaine de Darbounouse, les pierres poussent plus vite que la végétation. En son centre, un refuge rudimentaire. Le genre d’endroit rêvé pour passer une semaine peinard, loin des tracas du monde.
La ville s’approche à chaque kilomètre. Le retour à la civilisation se fait ressentir. Les sentiers se remplissent de randonneurs et de familles venues profiter d’un weekend à la montagne. La forêt sauvage laisse peu à peu sa place à des espaces aménagés, un stade de foot, un terrain de golf… Arrivés à Corrençon en Vercors on se félicite autour de quelques bières et on planifie déjà la prochaine aventure. Du sauvage, du beau, du fatiguant, pourquoi pas les Alpes ?

Et voilà, vous devriez avoir toutes les infos nécessaires pour vous lancer dans cette randonnée de 3 jours. La traversée des Hauts-Plateaux du Vercors n’est pas le trek le plus facile, mais vous verrez, la récompense vaut largement quelques courbatures. Une vraie aventure au cœur d’un des plus beaux territoires français.
N’hésitez pas à poser vos questions en commentaire.